Le bagne des Annamites

IMG_5771Dans les années 1920, l’empire colonial français était présent en Indochine. La France comptait s’y établir durablement pour accroître sa puissance coloniale avec une présence sur le continent asiatique. En 1927, le parti nationaliste, Viet Nam Quoc Dan Dang est à l’origine de nombreuse émeutes. La politique se durcit, des idées nouvelles voient le jour et de nombreuses révoltes éclatent pour l’indépendance nationale des peuples d’Indochine. Dans la province du Tokin, à Yèn Bay, dans la nuit du 9 au 10 février 1930, des activistes s’emparent des armes de la garnison et tuent plusieurs militaires de l’armée coloniale. Une répression sanglante s’ensuit, faisant des milliers de victimes. De nombreux Indochinois seront envoyés au pénitencier de Poulo Condor, île située à 200 km au large de Saigon. Le gouverneur de l’Indochine craignant un soulèvement souhaite se débarrasser des prisonniers politiques au plus vite. Il veut désengorger ses prisons et éloigner les activistes. De l’autre côté, le gouverneur de la Guyane recherchait de la main d’oeuvre pour développer sa colonie, plus précisément le territoire de l’Inini. L’Inini est un territoire autonome qui a été créé le 6 juin 1930. Le gouverneur disposait d’une liberté totale pour gérer les ressources naturelles du territoire. L’Inini s’étendait sur près de 80 000 km², soit presque toute la Guyane. Le gouverneur de l’Indochine, de la Guyane et le ministre des colonies s’entendirent entre eux  et passèrent un accord pour envoyer les prisonniers Indochinois en Guyane. Au final, le 17 mai 1931, ce seront plus de 538 individus qui seront envoyés en Guyane dans des conditions extrêmes.

  • Où se situait le Bagne ?

Parmi les lieux explorés pour l’implantation d’un nouveau camp, l’administration retient l’emplacement de la crique-Anguille sur la rive gauche de la rivière Tonnégrande. Ce lieu est stratégique car la rivière Tonnégrande permet l’implantation d’un débarcadère et un accès plus rapide vers Cayenne pour transporter hommes, vivres et matériels. Le 19 septembre 1931, la crique-Anguille est nommé chef-lieu de la circonscription Centre du territoire de l’Inini. Son isolement et sa très faible densité de population motivent en 1934 le transfert du chef-lieu à saut-Tigre, plus proche des placers aurifères*.

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  • Comment était organisée le bagne des Annamites ?

Le site comprenait trois quartiers : le quartier des tirailleurs Sénégalais, le quartier des condamnés et le quartier administratif. Au centre des trois quartiers se trouvait un magasin, un hangar contenant un atelier et un garage et des logements de sous-officiers. Le bagne de la crique-Anguille a accueilli 3/5 de l’effectif Annamites jusqu’à son nouvel emplacement à Saut- Tigre. Il sera évacué en 1946.

  • Vestiges du quartier des condamnés :
  • Vestiges du quartier des tirailleurs sénégalais :

C’est à la suite des émeutes provoquées par la mort de Jean Galmot en 1928 qu’un détachement de 150 tirailleurs sénégalais a été envoyé à Cayenne pour rétablir l’ordre. Le ministre des colonies décide de les affecter définitivement en Guyane sur demande du Gouverneur. En 1931, les tirailleurs sont déplacés et envoyés au bagne des Annamites pour surveiller les prisonniers et veiller à ce que les tâches soient bien effectuées.

  • Comment vivaient les bagnards indochinois ?

Les prisonniers qui viennent d’arriver sont affectés aux travaux agricoles. Ils y cultivaient des ignames, des Haricots, du riz,  des concombres, des bananes et ils y élevaient des porcs, des vaches, des chèvres, des buffles etc. L’objectif était de faire baisser le coût journalier du condamné. Par conséquent le bagne devait être quasi auto-suffisant.

 

Le bagne des Annamites fait partie de l’histoire de la Guyane mais a longtemps été ignoré dans l’Histoire de la France. Souvent, lorsque nous parlons du bagne en Guyane nous faisons référence aux bagnes de St-Laurent et à celui de Kourou ( les îles du Salut). Mais, il y a eu des bagnes dans bien d’autres communes telles que : Montsinéry-Tonnegrande (bagne des Annamites), Ouanary, St-Georges de l’Oyapock etc. Nous devons donc faire un gros travail de mémoire sur les bagnes de Guyane, pour tous ces Hommes qui ont été éloignés de leur famille et qui sont morts en Guyane pour refuser la domination colonialiste française et qui se sont battus pour mener leur pays vers l’indépendance.

 

Patou

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