Homme d’exception, fils emblématique de la Guyane, Félix éboué incarne l’excellence au travers des actes de sa vie. Son ralliement à la France libre en 1940, fait partie des actes splendides et décisifs de notre histoire.
La famille de Félix Eboué est originaire d’Afrique, ses ancêtres étaient des africains transportés comme esclaves en Guyane pour être vendus et enregistrés sur l’habitation Saint-Anne et l’Ermitage dans la commune de Roura. Son aïeule, Henriette veuve Eboué accède à la liberté à la proclamation de l’abolition de l’esclavage en 1848.
Félix Eboué est né le 26 décembre 1884 à Cayenne d’Urbain Yves Eboué et de Marie Joséphine Aurélie Léveillé. Il est le quatrième d’une famille de cinq enfants. Bon élève au collège de Cayenne, il obtient une bourse de la colonie pour poursuivre sa scolarité au lycée Montaigne à Bordeaux. Bachelier en 1905, Félix Eboué se rend sur Paris pour préparer une licence de droit et son concours d’entrée à l’école coloniale. En 1908, il sort diplômé d’une licence de droit et selon son classement, il sera affecté à Madagascar. Mais, désireux de découvrir l’Afrique, il permute avec Raymond Ferjus pour une affectation au Congo.
L’Afrique
Arrivé à Brazzaville en 1909, Félix Eboué est affecté en Oubangui-Chari pour y rester vingt-et-un ans. Affecté dans la circonscription d’Ouham en qualité de chef de poste à Bouca, il est confronté aux compagnies concessionnaires dont les exactions provoquent les révoltes des peuples qu’il doit soumettre par la force ou la négociation. Eboué maintient l’ordre, assure la collecte des taxes et contribue à pacifier les territoires encore inconnus des Morouba.
En 1914, chef de la subdivision de Kouango, il obtient la reddition des peuples rebelles, grâce à l’alliance d’un chef local Sokambi. En juillet 1918, il est nommé chef d’une des plus grandes circonscriptions de la colonie, celle d’Ouaka. Il introduit les cultures d’arachides, de sésame, de riz et de ricin. Il fait construire les routes de Bambari et de Bangui.
Passionné de recherches anthropologiques, Félix Eboué publie dès 1918 une grammaire sango, banba, baya et mandjia ainsi que des études portant sur les structures sociales et politiques des communautés africaines.
En 1927, il est fait chevalier de la légion d’honneur et nommé administrateur en chef le 31 décembre 1931.
Secrétaire général à la Martinique
Premier haut fonctionnaire noir, Eboué est nommé à la Martinique, secrétaire général le 22 février 1932 et seconde le gouverneur Gerbinis. Il prépare le budget de la colonie, ainsi que les correspondances officielles. Il assiste et assure le secrétariat du Conseil Privé. Eboué s’acquitte admirablement de son devoir en lançant une politique de logements sociaux et en luttant contre la fraude électorale.
En désaccord avec le gouverneur, il est rappelé et affecté au Soudan en 1934.
Félix Eboué Gouverneur de la Guadeloupe
Nommé par décret le 29 septembre 1936, en qualité de gouverneur par intérim, Félix Eboué arrive en Guadeloupe le 20 octobre 1936. La colonie connaît une situation économique et sociale difficile : le prix du sucre s’est effondré, le contingentement de la banane est aléatoire et l’aide aux agriculteurs inexistants.
Félix Eboué est alors chargé d’appliquer les réformes politiques et sociales du Front Populaire. Il multiplie les contacts avec la population, affiche son souci d’impartialité et s’oppose aux tentatives de fraudes électorales. En 1937, il engage un vaste programme d’équipements et d’infrastructures visant à améliorer les conditions de vie des populations et celles des classes laborieuses, tant en ville qu’à la campagne. Il fait appliquer les lois sociales et les réformes du Front Populaire en dépêchant un inspecteur du travail pour arbitrer les conflits sociaux et crée un service du travail et de la prévoyance sociale avec des inspecteurs chargés de la sécurité et de l’hygiène. Il fait créer la caisse de la compensation pour les congés payés, travaille à l’organisation des conventions collectives et fait ouvrir une école d’agriculture. Parallèlement, il développe une vaste politique d’équipement sportif (construction de stade, formations de moniteurs…). Epuisé et meurtri par les attaques personnelles de quelques politiques, Félix Eboué est rappelé par le nouveau ministre des colonies, Georges Mandel.
Le retour en Afrique
Le 19 novembre 1938, Félix Eboué est nommé par décret, gouverneur de 2ème classe du Tchad. Il dresse un programme de travaux en faisant construire des routes sur tout le territoire. Il fait agrandir l’aérodrome de Fort-Lamy pour accueillir les avions gros porteurs, développe une politique d’habitat pour sédentariser les populations. Il fait construire un hôpital.
En juin 1940, l’armée française est défaite et Paris occupée par les forces militaires hitlériennes. Le maréchal Pétain signe l’armistice, tandis que le général de Gaulle attise et brandit la flamme de la résistance par son vibrant appel du 18 juin 1940. Le 29 juin, Eboué rejette les clauses de l’armistice et affiche sa volonté de poursuivre la lutte, contrevenant aux directives de ses supérieurs hiérarchiques à Vichy. Son refus de suivre les ordres, entraînera le Tchad, le Cameroun et le Congo Brazzaville en résistance.
Le 29 janvier 1941, Félix Eboué reçoit du général de Gaulle la croix de la libération.
Usé par un labeur incessant, il s’éteint le 17 mai 1944 au Caire.
Source : Félix Eboué le courage et la liberté 1884-1944, Société des Amis des Archives et de l’histoire de la Guyane, Cayenne 2006
PATOU
Laisser un commentaire